Nord : A Mayo Dadi, la production d’anacardes chute de 42,18% en 2021

Nord : A Mayo Dadi, la production d’anacardes chute de 42,18% en 2021

production d’anacardesLes principales raisons de cette dégringolade sont entre autres les quantités non répertoriées et vendues au Nigéria, et les dégâts causés par les termites dans les plantations d’anacardiers. Un secteur qui intéresse pourtant de plus en plus production d’anacardes la gent féminine de la région du Nord Cameroun.

Florence Demassan est propriétaire d’un champ d’anacardiers. Bénéficiaire d’une formation en entrepreneuriat féminin, la jeune femme a opté pour la culture de ce fruit plus connu sous le nom de noix d’acajou. « Je fais dans la filière cajou depuis plus de six ans », affirme cette propriétaire d’une plantation à Mayo Dadi.  Une localité de la banlieue sud de Garoua située à une quinzaine de kilomètres de la ville, dans l’arrondissement de Garoua 3, région du Nord.

Comme Florence, Pauline Simike, âgée de 43 ans, s’est également lancée dans la plantation d’anacardiers dans son village à Djalingo, dans le même arrondissement. « J’ai acheté mon champ d’un hectare (ha) à 350 000 F. Mes plantes sont encore jeunes, elles vont produire dans quelques années », espère-t-elle.

production d’anacardes Les principales raisons de cette dégringolade sont entre autres les quantités non répertoriées et vendues au Nigéria

Au Nord, environ 30% de femmes se ruent dans l’entrepreneuriat agricole malgré leur capacité financière modeste et les difficultés d’accès au foncier qui limitent leurs activités. Pour contourner ces obstacles, certaines se sont regroupées au sein du Groupement d’intérêt communautaire (Gic) dénommé “Ribaou” (ancienne appellation de Garoua). Ce Gic est implanté à Mayo Dadi, qualifié par certains, comme le fief de la filière cajou.

 En 2003, le Gic obtient une convention d’une durée de 30 ans avec l’Etat Camerounais. Un contrat qui octroie à cette association, l’exploitation du verger d’anacardiers de l’Etat à Mayo Dadi sur une superficie d’environ 500 ha.

Production en chute

D’après Oumarou Miste Madi, coordonnateur national du Projet d’appui au développement de la filière Cajou (Padfc), la production de départ de cette chaîne de valeur avant la mise en œuvre de la stratégie pour le développement de la filière cajou en 2018, était de 108 tonnes par an. Une production qui a varié en dent de scie durant les trois dernières années, d’après Toumba Katerguoi, sous-délégué chargé de la Promotion de l’agriculture et du Développement rural à la délégation régionale de l’Agriculture et du Développement rural du Nord.

En 2019, ce verger a produit 36 tonnes d’amandes sèches, soit 144 tonnes d’anacardes. Malgré le Covid-19, ce résultat a augmenté de 77,77% en 2020, avec 64 tonnes de noix de cajou produit pour 256 tonnes d’anacardes. L’année 2021 n’a pas été glorieuse pour les producteurs de Mayo Dadi. La production a drastiquement chuté de 42,18%. Ainsi, 27 tonnes d’amandes sèches ont été produites, soit 108 tonnes d’anacardes.

production d’anacardes les dégâts causés par les termites dans les plantations d’anacardiers

D’après les producteurs, les raisons de cette chute sont multiples. La principale cause avancée est la fuite de la production vers le Nigéria voisin, parce que certaines données ne sont pas répertoriées. « Les nigérians viennent acheter ici mais personne ne peut nous dire le nombre de tonnes vendues. L’exportation n’est pas raisonnée, c’est comme ce qui se fait avec le soja, les arachides, le maïs, etc. », explique Oumarou Miste Madi.  A sa suite,  Toumba Katerguoi, 1er prix national du cajou au Comice agropastoral de 2011 pour le département du Faro, souligne : « En effet, les nigérians laissent de l’argent auprès de certaines personnes qui leur collectent les amandes ».

Les producteurs évoquent également comme cause, le vol de la production production d’anacardes en champ, les dégâts des termites dans les plantations causant la chute des fleurs, l’abandon d’une partie de la production jugée faible pouvant occasionner des dépenses de ramassage.

 

 

Création d’emplois

Pour intensifier la production de ce fruit, le gouvernement a mis sur pied un projet dédié à la vulgarisation et au développement de la filière qui couvre cinq bassins de production au Cameroun. A savoir : le Nord, l’Extrême-Nord, l’Adamaoua, le Centre et l’Est. Cette filière bien implantée dans le Nord est une niche d’emploi. L’ambition du Cameroun est d’être présent sur le marché mondial dès l’année 2023, de créer 150 000 emplois dans les quatre régions en cinq ans, et de créer 1 000 emplois dans le secteur de la transformation de la noix de cajou (décorticage, production du jus d’anacarde) production d’anacardes au cours de la même période.

Au Nord, les transformateurs se recrutent parmi les femmes, les hommes, les organisations professionnelles. C’est le cas de la coopérative initiée par les lauréats de l’Ensaï (Ecole nationale des sciences agro industrielles) de Ngaoundéré. Ces étudiants transforment l’anacarde en jus, chips, vin, etc. et emploient des jeunes pour le ramassage des fruits. « Je me suis lancée dans la plantation d’anacardiers parce que les autres produits ne sont plus rentables. Les sols sont de plus en plus pauvres et l’engrais qui devient aussi cher reste indispensable », témoigne Pauline Simike.

Jérôme Baïmélé à Garoua.

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