Pommes de terre :  Le Cameroun adopte la technologie apicale enracinée

Pommes de terre :  Le Cameroun adopte la technologie apicale enracinée

Cette technique qui consiste à produire des semences par les boutures, offre deux fois plus de tubercules de semences que les mini-tubercules utilisées par les producteurs locaux Pommes de terre au Cameroun.

Propriétaire d’une plantation de pommes de terre à Bafang, dans le département du Haut Nkam, région de l’Ouest, Marcel Kemleu a opté pour les mini-tubercules au moment des semailles. Cette technique utilisée par la plupart des cultivateurs de la région, consiste à mettre en terre des pommes en début de floraison. « La première année, j’ai acheté des semences améliorées et j’avoue avoir eu une récolte plutôt abondante. Mais les années suivantes, les rendements étaient beaucoup moins bons », explique cet agriculteur. A en croire Marcel, le fait de réutiliser plusieurs fois, une génération de semences a un impact négatif sur son rendement.

Pour éviter de grosses pertes, Armand Nguiyep, agriculteur dans la localité de Bansoa, département de la Menoua, compose lui-même ses semences. Aux mini-tubercules issues de son ancienne récolte, il associe des semences améliorées. Une approche qui cependant, n’apporte pas le rendement escompté.

Pommes de terre au Cameroun, Cette technique qui consiste à produire des semences par les boutures

Pour aider les producteurs locaux à booster leur production, le Cameroun a noué avec l’Inde, un accord de partenariat régissant un projet pilote de transfert vers le Cameroun d’une technique indienne de la technologie apicale enracinée de production de semences de pommes de terre. Cet accord a été paraphé le 21 décembre 2022 par le Haut-Commissaire de l’Inde au Cameroun, Shri Andiya Banerjee et le ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation (Minresi).

Cette technique révolutionnaire consiste à produire des semences par les boutures. Une innovation qui fait de ce pays du Sud de l’Asie, le deuxième pays producteur de cette denrée au monde et l’un des pays le plus avancé dans la technique de production de semences de pommes de terre.

 

Selon le Centre international des pommes de terre (CIP), une « bouture apicale produit entre 10 et 25 tubercules de semence. Tandis que les mini-tubercules, principalement utilisées par les producteurs locaux, ne donnent que 5 à 10 tubercules ».  Dans une interview accordée à Investir au Cameroun, Éveline Ouokam, coordonnatrice nationale du Programme d’appui à la relance de la filière pomme de terre explique que les semences traditionnelles donnaient des rendements très faibles (7 à 13 tonnes à l’hectare), alors que certaines semences apicales atteignent 20 à 40 tonnes à l’hectare. En plus, cette technique produit une récolte dans un délai de quatre mois pendant que les techniques traditionnelles nécessitent deux fois plus de temps.

Pour les producteurs locaux comme Ernestine Fomka, une rapide vulgarisation de cette nouvelle technique pourrait permettre d’augmenter voire de doubler les rendements. Le Cameroun pourrait ainsi franchir le seuil des 900 000 tonnes de pommes de terre à l’horizon 2030 comme souhaité par le CIP Cameroun.

Selon le projet GIZ-Centres d’innovation verte pour le secteur agricole et alimentaire (GIZ-Procisa), la production nationale de pommes de terre varie entre 220 000 et 400 000 tonnes au cours de ces 10 dernières années, selon les conditions climatiques. Un rendement qui peine à combler la demande locale estimée en moyenne à 1 million de tonnes par an.

Vanessa Bassale

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